jeudi 26 novembre 2009

Catherine Tauveron et l'interprétation en didactique de la littérature

Pour cette dernière séance, c'est Catherine Tauveron qui a accepté de se confronter aux questions du séminaire !


On se propose de répondre aux questions posées :

  1. Que peut-on saisir en interprétant ?
  2. Quels sont les principes méthodologiques de l'interprétation ?
  3. Quel est le statut épistémologique des résultats de l'interprétation ? En particulier quels sont les modes de validation d'une interprétation ?
  4. Qu'est-ce qui ne relève pas (dans une discipline donnée) de l'interprétation ?

En adoptant le point de vue d’une didacticienne de la littérature amenée à construire une modélisation de la compréhension et de l’interprétation valide dans le champ de la scolarité élémentaire (et au-delà, sans doute).

Cette modélisation a été construite à la fin des années 90 contre les représentations et injonctions officielles de l’époque (compréhension assimilée à la saisie de la littéralité, interprétation rejetée hors du possible) avec pour objectif d’expliciter les raisons, les enjeux et les moyens d’une initiation précoce à la lecture littéraire et d’argumenter la nécessité d’entreprendre une « quasi-dyslexie des habitudes de lecture ».

Ce modèle, qui articule les principaux apports des théories de la réception littéraire, remet cependant en cause leur conception hiérarchisée de la compréhension et de l’interprétation ainsi que leur opposition, liée, entre lecture heuristique et lecture herméneutique. A partir d’une redéfinition des deux opérations dont il inverse l’ordre, il pose que la (une) compréhension est la finalité de tout acte de lecture et l’interprétation un moyen pour y parvenir.

On en conclut que, si l’on veut « apprendre à comprendre », on ne peut le faire que sur des textes qui posent des problèmes de compréhension et qu’on ne peut qu’apprendre à interpréter. On développera la distinction centrale faite entre réticence et prolifération (qui est parfois une conjonction), entre problèmes de compréhension et problèmes d’interprétation et l’on posera l’existence de deux types d’interprétation.

Si l’interprétation est élection d’une (ou plusieurs) solutions parmi des possibles alors elle peut être mise en débat.

On s’interrogera sur le « débat interprétatif », innovation majeure issue de la modélisation et reprise par les programmes officiels de 2002, ce qu’il est et n’est pas (distinction entre débat délibératif et débat spéculatif), le type de lecteur qu’il convoque (distinction entre lecteur-modèle et lecteur empirique), les limites respectives des droits du lecteur et des droits du texte, la part et la place de la subjectivité, les manières dont se construisent des hypothèses recevables, leur mode de validation, le statut épistémique des hypothèses validées devenues « interprétations », étant entendu que l’école ne saurait en aucun cas faire allégeance à la lecture « méthodique », rhétorique et figée en usage dans le secondaire.

On se demandera enfin quelles sont les conditions (et les difficultés) d’un bon arbitrage magistral dans cette communauté interprétative singulière qu’est une classe. A l’aide du concept de paradigme emprunté à Kuhn et repris par Bayard (qui parle de « paradigme intérieur » et de « livre intérieur », livre intérieur irréductible au livre intérieur de tout autre lecteur), à l’aide aussi des réflexions de Eco dans Les limites de l’interprétation et de la notion de communauté interprétative telle que définie par Fish, on se demandera comment à partir des interprétations multiples et singulières construites par les jeunes lecteurs, qui ne sont pas interprétations différentes de l’objet lu mais construction d’objets différents, l’on peut néanmoins espérer construire un « livre intérieur » ou « textus receptus » collectif et en amont une posture collective issue d’un protocole intériorisé.

Une mauvaise nouvelle : le professeur Fagot-Largeault (collège de France) ne pourra finalement pas se joindre à nous le 1er décembre.

Et une bonne nouvelle : une journée d'études en juin est en cours d'élaboration...des infos ici-même en début d'année prochaine...bonnes fêtes de fin d'année à tous, et à très bientôt !

mardi 10 novembre 2009

Javier LeGris et l'interprétation en philosophie de la logique

Deux jours après l'intervention d'Anne deCrémoux, nous nous retrouvons pour une lecture de Javier LeGris , même salle, mêmes heures, sur les types d'interprétabilité du langage, réflexions menées à partir des travaux d'Hintikka sur la question.

On the ineffability of semantics

Based on a distinction drawn by Jean van Heijenoort in order to explain some phenomena in the history of symbolic logic, Jaakko Hintikka differentiated two main philosophical conceptions of language: language as universal medium and language as calculus. Moreover, he found in these conceptions an ultimate presupposition of 20th century philosophy - not only of the analytical tradiction but also of the continental and hermeneutical one. Husserl, Frege, Wittgenstein, Tarski, Quine, Heidegger and Gadamer among others presupposed one conception or the other.

According to the universalistic point of view, there is only one language, the language we use, and we cannot escape of it. Their semantic relations are presupposed in it and we cannot change them. So we cannot step outside language and examine its relations to the world. According to the contrary view of language as calculus, we are not prisoners of the language, so that we can get outside from it and analyse its own semantics; we can also vary its interpretation. In this sense, language is like an uninterpreted language. Now, Hintikka argues that the universalistic view leads to the impossibility of semantics: meaning and truth cannot be completely grasped in the language as a whole (ordinary or formalized); the meanings of the expressions of our and only language cannot be defined in that language itself. He refers to this situation as the ineffability og semantics.

In this talk, I intend to provide an account of Hintikka's thesis, comparing it with the original distinction by van Heijenoort, and I will discuss it in relation to ordinary and formalized languages. Finally, I will try to show some ways out from this situation. In fact, we can accept the idea of a unlimited and inexhaustible language, which cannot be fully analyzed. However, we can take fragments of this language, and their semantics can be studied by means of the rest of the language, so that it can be reinterpreted. In this cas, the language would be transformed in a calculus in Hintikka's sense.

Anne DeCrémoux et l'interprétation en philologie hellénistique

AKOUSATE, AKOUSATE ! Mardi prochain, même salle, mêmes heures, c'est Anne DeCrémoux que nous aurons le plaisir d'entendre sur certains problèmes d'interprétation liés à sa pratique de traduction de textes d'Aristophane [consultables en ligne à partir du résumé ci-dessous d'un simple clic sur le titre de l'œuvre]

Interprétation et cuisine de la traduction :
Le cas des noms parlants
dans la Comédie Grecque Ancienne


Le but de cette intervention est d'aborder quelques problèmes posés par la traduction dans son lien inévitable avec l'interprétation, et leurs conséquences sur l'activité concrète du traducteur. Nous nous appuierons sur le cas particulièrement difficile de la Comédie Ancienne, telle que nous la connaissons par l'œuvre d'Aristophane.

Une première partie de ce séminaire sera consacrée à la présentation des questions concernant les liens entre interprétation et traduction, en nous concentrant progressivement sur la comédie attique de la première période : problèmes qui se posent de manière générale dès qu'il s'agit de passer d'une langue à l'autre ; dans le cas de la traduction d'une oeuvre antique ; dans le cas plus spécifique encore d'une pièce du théâtre grec classique, avec ses conditions sociologiques particulières ; enfin, problèmes posés par la traduction d'un texte comique, écrit pour un public dont le "rire n'est pas le notre". Ces débats mettent surtout au jour des obstacles et posent la question de l'intraduisible : nous verrons quelques unes des options alors choisies par les traducteurs pour y faire face. Il ressort souvent de ces discussions l'idée qu'il existe des types généraux de traduction, opposés deux à deux, idée dont la pertinence sera à évaluer.

Dans un second temps, nous aborderons très concrètement un exemple particulier, le cas des noms propres dans les premières comédies d'Aristophane (Les Acharniens, Les Cavaliers et Les Nuées) et les choix que doit faire le traducteur, en fonction - ou non - des questions théoriques qu'il s'est posées. Après avoir précisé les enjeux, nous verrons comment dans deux cas de noms "parlants', celui des noms réels et celui des noms fictifs, les traducteurs ont travaillé, en s'efforçant d'effectuer des choix conformes à un projet général, mais contraints, souvent, de faire une cuisine au cas par cas.

Nous travaillerons sur des passages des textes grecs, qui seront également donnés en translittération pour les non hellénistes, et sur des échantillons de leurs traductions.

mercredi 4 novembre 2009

Axel Bühler et l'interprétation en herméneutique

La semaine prochaine, c'est le professeur Axel Bühler (Düsseldorf, Allemagne) que nous serons heureux d'entendre sur le thème suivant :

The testability
of Hermeneutical Hypotheses

Hypotheses of an important type within the interpretation of discourse and text deal with the intentions and beliefs guiding the production of discourse and text. Such hypotheses can explain various properties of the discourse or text to be interpreted. In my lecture, I examine how hypotheses of this knid can be subjected to empirical testing.
Hypotheses about authors' intentions and belief are singuler hypotheses about specific authors and their specific circumstances, as opposed to universal hypotheses. I proceed from general aspects of singular hypotheses and get more specific with every step.
I start with an abstract discussion of severe and, additionally, critical tests of singular hypotheses. then I talk about the testing of singular hypotheses regarding mental states such as intentions and beliefs. In the third part I look at some methods of testing hypotheses regarding authorial intentions. I conclude with the analysis of some objections against the possibility of testing hypotheses about authors' intentions and beliefs.

mardi 3 novembre 2009

Feriel Kaddour et l'interprétation en musique et en musicologie

Aujourd'hui, nous avons eu l'immense plaisir de recevoir Feriel Kaddour pour une intervention, illustrée par une très belle analyse musicale d'œuvre, sur :

Le geste interprète :
Ce que l'art de jouer du piano nous apprend de la lecture des partitions

D'un musicien, on dit qu'il joue une œuvre ou qu'il l'exécute ; mais le plus souvent, on dit qu'il l'interprète. C'est de cette proximité entre herméneutique et réalisation instrumentale qu'il sera question : on interrogera le lien qui se noue entre le jeu musicien (implication du corps et de ses techniques, relation à l'instrument, statut de l'intuition) et la lecture réflexive des partitions (mise en œuvre du sens, compréhension des formes). La particularité de l'interprétation musicales vient aussi de ce qu'elle s'exerce selon une temporalité spécifique - celle de l'oeuvre déployant sa forme - et que toute formulation de pensée, toute élaboration de sens, ne prend musicalement consistance qu'à condition de s'exporter dans le présent actif mais nécessairement fragile et singulier du jeu musicien. De cette réflexion, on conclura à une herméneutique qui se place sous le signe du faire autant que de la pensée. On mettra cette conclusion à l'épreuve d'un exemple, la réalisation d'un point d'orgue dans la Sonate pour piano D960 de Schubert, que l'on illustrera par trois interprétations différentes (Kempff, Kissin, Ciorcarlie). Au terme de cette analyse, on tentera de définit ce qu'est le statut de l'interprétation musicales : son statut en regard de l'oeuvre écrite, ses limites, ce qui permet de juger de sa justesse ou ce qui à l'inverse permet d'en dénoncer les erreurs, sa capacité à faire sens.

Pour ceux qui n'auraient pu assister à cette présentation, sachez que le 7 décembre prochain, Feriel Kaddour soutiendra sa thèse sur 'le geste musical' (notion de geste mimé comme notion-pivot pour penser pratique interprétatice de la pianiste et pratique interprétatice de la musicologue dans une unité). Cette soutenance aura lieu au conservatoire de Lille, en compagnie d'un(e) musicien(ne) qui se fera l'interprète en direct des morceaux choisis...restez informés !

jeudi 29 octobre 2009

Bouquet d'automne

Étant donnée la densité :
- des modifications dans le programme
- du nombre d'interventions ce mois de novembre

Un petit récapitulatif ne s'avérera sans doute pas superflu :

Feriel Kaddour (ENS, Paris) 3 novembre
Musique et musicologie
"Le geste interprète : ce que l'art de jouer du piano nous apprend de la lecture des partitions"

Axel Bühler (Düsseldorf) 10 novembre
Herméneutique
"Investigating and confirming the hypotheses of interpretation
"

Anne De Cremoux (STL, Lille 3) 17 novembre
Philologie hellénistique
"Interprétation et cuisine de la traduction :
Le cas des 'noms parlants' dans le cas de la comédie ancienne"

Javier LeGris (CEF/CONICET, Buenos Aires) 19 novembre
Philosophie de la logique
"On the ineffability of semantics"


Catherine Tauveron (Institut de la recherche pédagogique, Rennes) 24 novembre
Didactique de la littérature
"L'interprétation littéraire : des sources théoriques à une modélisation didactique"


Novembre à Lille 3 sera interprétatif ou ne sera pas !

Mais ce bouquet ne sera pas final : un projet de journée d'études en juin est en train de prendre chair...davantage sur le sujet ici-même sous peu...restez informés !!

mercredi 21 octobre 2009

Séance reportée !

Attention : en raison d'une grève nationale des transports et étant donnée la fréquence basse des trajets ClermontFerrand-Lille, l'intervention de Catherine Tauveron a dû à la toute dernière minute être déplacée au mardi 24 novembre, mêmes horaires, même salle !

Je vous souhaite d'agréables vacances de Toussaint et vous donne rendez-vous à la rentrée, pour une séance en musique avec Feriel Kaddour !

mardi 13 octobre 2009

Catherine Tauveron et l'interprétation en Didactique de la Littérature

Mardi prochain, le 20 octobre, nous aurons le plaisir d'accueillir Catherine Tauveron (Institut de la recherche pédagogique, Rennes) en salle 019 de la Maison de le recherche, sur le thème :

L'interprétation littéraire :
Des sources théoriques à une modélisation didactique




On se propose de répondre aux questions posées :

  1. Que peut-on saisir en interprétant ?
  2. Quels sont les principes méthodologiques de l'interprétation ?
  3. Quel est le statut épistémologique des résultats de l'interprétation ? En particulier quels sont les modes de validation d'une interprétation ?
  4. Qu'est-ce qui ne relève pas (dans une discipline donnée) de l'interprétation ?

En adoptant le point de vue d’une didacticienne de la littérature amenée à construire une modélisation de la compréhension et de l’interprétation valide dans le champ de la scolarité élémentaire (et au-delà, sans doute).

Cette modélisation a été construite à la fin des années 90 contre les représentations et injonctions officielles de l’époque (compréhension assimilée à la saisie de la littéralité, interprétation rejetée hors du possible) avec pour objectif d’expliciter les raisons, les enjeux et les moyens d’une initiation précoce à la lecture littéraire et d’argumenter la nécessité d’entreprendre une « quasi-dyslexie des habitudes de lecture ».

Ce modèle, qui articule les principaux apports des théories de la réception littéraire, remet cependant en cause leur conception hiérarchisée de la compréhension et de l’interprétation ainsi que leur opposition, liée, entre lecture heuristique et lecture herméneutique. A partir d’une redéfinition des deux opérations dont il inverse l’ordre, il pose que la (une) compréhension est la finalité de tout acte de lecture et l’interprétation un moyen pour y parvenir.

On en conclut que, si l’on veut « apprendre à comprendre », on ne peut le faire que sur des textes qui posent des problèmes de compréhension et qu’on ne peut qu’apprendre à interpréter. On développera la distinction centrale faite entre réticence et prolifération (qui est parfois une conjonction), entre problèmes de compréhension et problèmes d’interprétation et l’on posera l’existence de deux types d’interprétation.

Si l’interprétation est élection d’une (ou plusieurs) solutions parmi des possibles alors elle peut être mise en débat.

On s’interrogera sur le « débat interprétatif », innovation majeure issue de la modélisation et reprise par les programmes officiels de 2002, ce qu’il est et n’est pas (distinction entre débat délibératif et débat spéculatif), le type de lecteur qu’il convoque (distinction entre lecteur-modèle et lecteur empirique), les limites respectives des droits du lecteur et des droits du texte, la part et la place de la subjectivité, les manières dont se construisent des hypothèses recevables, leur mode de validation, le statut épistémique des hypothèses validées devenues « interprétations », étant entendu que l’école ne saurait en aucun cas faire allégeance à la lecture « méthodique », rhétorique et figée en usage dans le secondaire.

On se demandera enfin quelles sont les conditions (et les difficultés) d’un bon arbitrage magistral dans cette communauté interprétative singulière qu’est une classe. A l’aide du concept de paradigme emprunté à Kuhn et repris par Bayard (qui parle de « paradigme intérieur » et de « livre intérieur », livre intérieur irréductible au livre intérieur de tout autre lecteur), à l’aide aussi des réflexions de Eco dans Les limites de l’interprétation et de la notion de communauté interprétative telle que définie par Fish, on se demandera comment à partir des interprétations multiples et singulières construites par les jeunes lecteurs, qui ne sont pas interprétations différentes de l’objet lu mais construction d’objets différents, l’on peut néanmoins espérer construire un « livre intérieur » ou « textus receptus » collectif et en amont une posture collective issue d’un protocole intériorisé.

lundi 12 octobre 2009

Alexandre Billon et Laurent Keiff : Interprétation et Philosophie de la Psycho-pathologie

La réflexion sur les techniques interprétatives se poursuit ce mardi avec une intervention d'Alexandre Billon et de Laurent Keiff (horaires et salle habituels) sur le thème :

Délire et charité interprétative


La psychopathologie fournit quelques exemples de discours qui posent un problème particulier d'interprétation en cela qu'ils semblent manifester une carence rationnelle qui met à mal l'application du principe de charité. Or ce principe, qui demande que l'on interprète toujours le discours d'autrui sous l'hypothèse de sa rationalité est l'une des conditions de possibilité de l'interprétation. Le propose de cette intervention est de formuler une nouvelle solution à ce problème, en montrant en quel sens il est possible de maintenir que les croyances délirantes sont le fruit d'un processus doxastique rationnel.

mercredi 7 octobre 2009

Séance déplacée

Attention : pour cause de vacances de Toussaint, la séance du 27 octobre a été reportée au 10 novembre !

C'est donc le 10 novembre que Axel Bühler (Herméneutique, Düsseldorf) interviendra sur le sujet :
"Investigating and confirming the hypotheses of interpretation"

Un grand merci au professeur Bühler de sa flexibilité !

mercredi 30 septembre 2009

Eléonore LeJallé et l'interprétation en philosophie moderne

L'année commence en beauté pour notre séminaire, puisque c'est Eléonore LeJallé (STL, Lille 3) qui mardi 06 octobre, de 12h à 14h en salle 020 de la Maison de la Recherche, ouvrira la discussion par l'intervention :

Interpréter, est-ce expliquer par des causes ?
Hume et Davidson sur les raisons de l'action


Le débat contemporain concernant "les causes et les raisons" (de l'action) est celui qui oppose Davidson aux Wittgensteiniens. Wittgenstein a montré dans le Cahier Bleu les différentes logiques séparant l'usage du mot "cause" et celui du mot "raison" lorsqu'il est question de l'action. Et son disciple Melden a explicitement pris Hume comme adversaire en montrant que la relation entre l'action et ses "raisons" consistait en une "relation logique" essentiellement différente de la relation extrinsèquement empirique unissant une cause à un effet. Par la suite, c'est en s'opposant à ce fameux "argument de la conexion logique" unissant l'action à ses "raisons" que Donald Davidson fit retour à Hume : aux raisons de l'action correspondent en effet, selon Davidson, autant d' "événements mentaux" permettant d'identifier ces dernières à des causes, c'est-à-dire, en un sens humien, à des événements précédant l'action et reliés à cette dernière par une loi de couverture. Ainsi, pour Davidson comme pour Hume, les raisons de l'action sont des causes. Et l'interprétation d'une action par des raisons n'est donc pas fondamentalement différente de son explication par des causes.


Sur ce débat, voir la présentation de P. Engel à Davidson, Actions et événements et le chapitre 1 du livre de Ruwen Ogien, Les causes et les raisons (Les causes et les raisons. Philosophie analytique et sciences humaines, éd. J.Chambon, 1998).

lundi 20 juillet 2009

Bonnes vacances !

Merci à tous les participants au séminaire "Interprétation : Formes et Problèmes" ! Cette année, les discours de la logique philosophique et de l'herméneutique se sont régulièrement nourris l'un de l'autre ainsi que, de manière ponctuelle, ceux de la psychologie et de la linguistique.
L'année qui vient, nous espérons ouvrir un dialogue avec davantage d'autres approches. Au programme :

Eléonore LeJallé (STL, Lille 3) 6 octobre
Philosophie Moderne
"Interpréter, est-ce expliquer par des causes ? Hume et Davidson sur les raisons de l'action"

Alexandre Billon et Laurent Keiff (STL, Lille 3) 13 octobre
Philosophie des sciences cognitives et Logique
"L'interprétation et la question de l'attribution des croyances"

Catherine Tauveron (Institut de la recherche pédagogique, Rennes) 20 octobre
Didactique de la littérature
"L'interprétation littéraire : des sources théoriques à une modélisation didactique"


Attention, la séance du 27 octobre (vacances de Toussaint) a été reportée au 10 novembre !

Feriel Kaddour (ENS, Paris) 3 novembre
Musique et musicologie
"Le geste interprète : ce que l'art de jouer du piano nous apprend de la lecture des partitions"

Axel Bühler (Düsseldorf) 10 novembre
Herméneutique
"Investigating and confirming the hypotheses of interpretation
"

Anne De Cremoux (STL, Lille 3) 17 novembre
Philologie hellénistique
"Interprétation et cuisine de la traduction :
Le cas des 'noms parlants' dans le cas de la comédie ancienne"

Anne Fagot-Largeault (Collège de France, Paris) 1er décembre
Philosophie des sciences biologiques et médicales
"L'interprétation des signes et des symptômes dans le diagnostique médical"

Je vous rappelle que nous sommes ouverts à toute proposition d'intervention, par exemple en histoire, en économie ou encore en communication !

En attendant et pour des vacances éclairées, voici un peu de lecture que nous a gentiment envoyé John Elster et que vous pouvez consulter d'un simple clic là : Interprétation et Choix Rationnel

...un très bel été à vous !!

lundi 22 juin 2009

Jacques Dubucs et l'inteprétation en philosophie

Pour la dernière séance de cette année universitaire, nous avons le plaisir d'accueillir Jacques Dubucs, IHPST (CNRS, Paris 1, ENS) sur le thème : "Comprendre Autrui" ce mardi 23 juin, toujours de 12h à 14h en salle 020 de la Maison de la Recherche.
Ci-dessous un résumé détaillé de son intervention ainsi que les liens vers deux de ses articles en lien avec cette question.

Comprendre Autrui

Le problème de la compréhension d'autrui regroupe au moins quatre questions distinctes :
(a) Que se passe-t-il lorsqu'il arrive quelque chose à son corps ?
(b) Que ressent-il ?
(c) Pourquoi fait-il ce qu'il fait ?
(d) Pourquoi dit-il ce qu'il dit ?
La relation entre ces diverses questions a évolué, mais elle est loin d'être aujourd'hui stabilisée.

1.Le rapport entre les questions du premier type et les trois autres s'est resserré. Les fondements métaphysiques d'une distinction tranchée entre les deux se sont effrités. Une distinction non substantielle l'a remplacée : les dysfonctionnements ont des causes, le comportement normal a des raisons. Quelle est la solidité de cette dernière distinction ? Est-elle en mesure de supporter le clivage actuel (dans le paysage français) entre les sciences de la nature et les sciences de l'homme ?

2. La question (d) tend à être rapprochée de la question (c) et conçue comme l'une de ses variantes, à la fois parce que l'importance de l'"intention de significaiton" (ce que l'autre entend communiquer en s'exprimant) semble l'emporter sur celle de la signification linguistique, mais aussi parce que la compréhension littérale de ce qui est dit (la perceptions des sons parlés) repose elle-même sur un processus d'ajustement pragmatique mutuel. Quel est, dans ce contexte, le statut des formes contemporaines de la compréhension empathique (théorie des neurones-miroirsn, théorie "motrice" de la reconnaissance des sons parlés), naguère mise en avant pour répondre aux quesitons de type (b) ?

3. Dans une perspective non empathique, la compréhension des actions délibérées d'autrui repose sur un principe pragmatique : on doit supposer que l'autre ait au mieux, compte tenu de ses opinions et de ses préférences. Cette méthode est partiellement indéterminée, car l'action ainsi interprétée ne permet pas de démêler les motifs des deux sortes. De plus, la version exacte du principe pragmatique (la maximisation de l'utilité esprérée) se heurte à des objections de vraisemblance cognitive. dans ces conditions, faut-il conserver à ce principe le statut "transcendantal" qu'on lui attribue parfois ?

4. Les croyances les plus enchâssées, celles qui ont trait, non pas au monde, mais à la logique et aux mathématiques, se révèlent par les propos, non par les actes. Jusqu'où doit aller, en ce domaine, la charité de l'interprète ?

L'exposé sera principalement consacré aux deux dernières questions.


Bibliographie.
[1] Jacques Dubucs. Les états mentaux sur la place publique. Intellectica, 21 (2): 271-290, 1995.
Consultable ici.
[2] Jacques Dubucs. Calculer, percevoir et classer. Archives de Philosophie, 65: 335-355, 2002.
Consultable .

mardi 9 juin 2009

Christian Berner et l'interprétation herméneutique

Contrairement à ce qui avait été annoncé, l'intervention de Christian Berner (Lille 3) de ce jour était bel et bien sur la question des :

Objets et méthodes de l'interprétation
dans l'herméneutique

A partir d'une réflexion sur les 5 questions motivant ce séminaire :
1. Que peut-on saisir en interprétant ?
2. Quels sont les principes méthodologiques de l'interprétation ?
3. Quel est le statut épistémologique des résultats de l'interprétation ? En particulier quels sont les modes de validation d'une interprétation ?
4. Qu'est-ce qui ne relève pas (dans une discipline donnée) de l'interprétation ?
Il s'est agit de distinguer plusieurs acceptions du terme "herméneutique", à la fois :
- Méthode d'interprétation, c'est-à-dire ayant pour objectif la compréhension d'un discours étranger (telle qu'elle, présente dans différentes disciplines),
- Discipline ayant pour objet la réflexion sur les conditions de possibilité de la compréhension,
- Discipline ayant pour objet d'étude l'homme en tant qu'être défini par cet acte de compréhension.

Ces distinctions furent à leur tour un moteur dans l'articulation des grandes thèses et transitions entre différentes postures, telles que 'l'herméneutique biblique', 'l'herméneutique de la Raison', ou encore 'l'herméneutique générale'.

S'en est suivi une belle discussion, pour laquelle nous tenons à remercier Christian Berner ainsi que l'ensemble des participants à ce séminaire !!

jeudi 28 mai 2009

Sylvain Auroux : l'interprétation en linguistique (2)

La séance de Sylvain Auroux aura lieu mardi prochain, le 2 juin.
Cette intervention n'aura pas lieu à l'horaire et lieu habituels mais de 14h à 16h en salle 104 !

Sylvain Auroux (Paris 7)
de 14h à 16h
Salle 104 Maison de la Recherche
sur le thème

Herméneutique et linguistique

Nous testerons de façon empirique (dans le cadre de la linguistique moderne) certaines des hypothèses impliquées dans la définition des procédés cognitifs d'expliquer et de comprendre dans le cadre de l'herméneutique.

lundi 25 mai 2009

Séance reportée

En raison d'une grève nationale des transports, le train de Sylvain Auroux est annulé, de même que la séance de notre séminaire.
La nouvelle date de cette intervention sera fixée très prochainement...restez informés !!

mardi 19 mai 2009

Une affiche pour notre séminaire !

La nouvelle affiche vient d'arriver : un grand merci à toute l'équipe de la MESHS qui a aidé à sa réalisation !! Vous l'avez sans doute croisée dans tous les couloirs de notre université, la voici désormais également chez vous :

Sylvain Auroux et l'interprétation en linguistique

Amis linguistes, entendez : mardi prochain, nous aurons le plaisir de recevoir

Sylvain Auroux (Paris 7)
toujours de 12h à 14h
encore en salle 020 de la Maison de la Recherche
sur le thème

Herméneutique et linguistique

Voici un aperçu des grandes lignes de son intervention :

L'herméneutique a concerné le langage dès la naissance de la philologie. D'une certaine façon, elle provient du droit. Elle a connu son heure de gloire avec Dilthey qui, en opposant sciences de la nature et sciences de l'esprit, décrivait deux procédés cognitifs expliquer et comprendre. Les courants herméneutiques n'ont jamais cessé de s'approfondir (voir Ricoeur). On remarquera que la grammaire n'a jamais utilisé la propriété "compréhension", mais plutôt la correction (bonne formation des expressions).
Je définirai les hypthèses de base de l'herméneutique de la façon suivante :
Soient Si le sujet qui construit la connaissance, Oc son objet et Pi une propriété. L'assertion par Si de Pi(Oc) possède deux conditions préalables :
(i) Pi(Si) a été/est vraie.
(ii) Si sait que (i).
En généralisant, on obtient une "clause de conscience" :
(iii) Si Sj asserte que Pi(Oc), il faut qu'il sache que (i) et (ii) pour lui-même et d'autres sujets.

Je voudrai tester la validité et les limites de ces hypothèses dans le cas de la linguistique moderne et relier cette question à celle du caractère empirique de la linguistique.

Laurent Keiff et l'interprétation en sémantique formelle

Mardi dernier, nous avons pu entendre Laurent Keiff (Lille 3) nous exposer bien plus que des

Remarques sur la notion de stratégie interprétative

Une théorie de l'interprétation comme abduction. Ci-dessous, un résumé de son intervention :


En sémantique, le concept d'interprétation reçoit un sens pour ainsi dire minimal par rapport à ce à quoi il renvoie dans le contexte de l'herméneutique par exemple. Dans la tradition tarskienne, il s'agit d'un instrument formel permettant de déterminer les conditions de vérité d'un énoncé, considéré du point de vue de son sens littéral.
Les recherches récentes en sémantique du discours ont cependant fait apparaître la nécessité d'introduire une structure intermédiaire entre l'énoncé et les modèles qui rendent compte de sa vérité. cette structure intermédiaire rend compte du flux d'information au sein du discours, permettant en particulier de résoudre des problèmes liés à la détermination de la référence des anaphores ainsi qu'au calcul des présuppositions.
On a pu défendre d'autre part que la division stricte entre sens littéral et signification pragmatique des énoncés est problématique, sinon désespérément confuse. De ce point de vue, l'interaction linguistique entre locuteur et destinataire est une donnée inéliminable de la théorie de la signification.
Notre propos s'inscrit dans cette double perspective.
Avec le courant des sémantiques dites dynamiques, nous tenons qu'il faut prendre en considération l'évolution de la signification des énoncés dans le processus d'interprétation du discours. Nous tenons d'autre part que l'interprétation ne peut se faire en dehors du cadre, pragmatique si l'on veut, de l'interaction linguistique. Dans ce contexte, nous proposons de voir le processus de construction de la structure intermédiaire comme un jeu à deux joueurs, défendant respectivement les contraintes de pertinence et de parcimonie d'une part, et celle de cohérence d'autre part, qui doivent guider le processus par lequel on détermine la signification.

mercredi 8 avril 2009

Julio Guillen et l'interprétation en psychanalyse

Le séminaire est sur le point de prendre son rythme de croisière. Pour cette première intervention après l'exposé propédeutique accompli de Jean-Michel Salanskis, nous aurons le plaisir d'entendre


Julio Guillen
(Lille)
qui interviendra sur
L'interprétation en psychanalyse. Autour de Freud
le mardi 14 avril de 12h à 14h
en salle 020 de la Maison de la Recherche


Résumé
Dans le parcours freudien, l'interprétation a été le point de départ non seulement d'une reconceptualisation de l'appareil psychique avec l'introduction de l'inconscient, mais aussi d'une approche clinique différente de celle de la psychiatrie de l'époque. D'ailleurs, le statut de l'interprétation et de l'inconscient permettent aujourd'hui d'atblir la différence avec les approches pychotérapeutiques.

Le concept d'interprétation en psychanalyse, à partir du moment fondateur freudien, s'est vu revisité par tous ses continuateurs d'une façon ou d'une autre, du fait qu'il constitue un des éléments clés de la clinique. Chacun 'eux a inauguré une nouvelle voie en introduisant les dimensions particulières de sa pratique (psychanalyse d'enfant ou de groupes par exemple), mais aussi des éléments sociaux, culturels ou anthropologiques.

Nous suivons le parcours du concept d'interprétation dans l'oeuvre freudienne pour montrer les changements dont il a fait l'obket. Il ne s'agit pas pour Freud de trouver un sens pour les rêves, mais surtout le statut des symptômes des patients dans le contexte de la cure analytique. Nous nous intéresserons à l'interprétation telle qu'elle a été présentée dans L'interprétation des rêves dans le cas de Dora ; puis dans Les écrits techniques et les Conférences d'introduction à la psychanalyse et enfin dans Constructions en analyse.

Pour finir, nous discuterons la critique du concept d'interprétation à partir de l'articulation de l'inconscient avec les phénomènes langagiers telle qu'elle a été proposée par Lacan, en particulier à partir des notions d'énigme, d'allusion, de ponctuation et de coupure.



mercredi 1 avril 2009

L'interprétation en musique

Au cours de la première séance du séminaire, s'était posée la question de la spécificité de l'interprétation dans le domaine de la musique.

Nous sommes très heureux d'annoncer que Feriel Kaddour, musicienne et musicologue à l'ENS à Paris et ayant fait son doctorat sous la direction de Joëlle Caullier, nous fera le plaisir d'intervenir sur ce thème le 3 Novembre prochain.

Pour ceux qui ne peuvent attendre de réfléchir dès à présent à cette question, vous trouverez ici un article de Joëlle Caullier sur La condition d'interprète, paru dans la revue Démeter...bonne lecture !

mardi 24 mars 2009

Calendrier de l'année

De nombreuses modifications dans le calendrier prévisionnel ayant eu lieu, veuillez consulter attentivement le nouveau calendrier, qui ne devrait désormais voir de changements que l'ajout de séances !

Jean-Michel Salanskis (Paris 10) 27 janvier
Philosophie, Herméneutique, Histoire des Sciences
"Fonction et champ de l'interprétation"

7 avril séance annulée

Julio Guillen (Lille 3) 14 avril
Psychanalyse
"L'interprétation en psychanalyse. Autour de Freud"

Laurent Keiff (Lille 3) 12 mai
Philosophie de la Logique
"L'interprétation comme abduction"

Sylvain Auroux (Paris 7) séance reportée
Linguistique
"La place de l'interprétation dans la linguistique"

Christian Berner (Lille 3) 9 juin
Herméneutique
"Herméneutique et interprétation"

Jacques Dubucs (IHPST, Paris) 23 juin
Philosophie de la Logique
"Comprendre autrui : hypothèses de la rationalité et point de vue de l'interprète"

Vacances d'été

Eléonore LeJallé (Lille 3) 6 octobre
Philosophie Moderne
"Interpréter, est-ce expliquer par des causes ? Hume et Davidson sur les raisons de l'action"

Alexandre Billon et Laurent Keiff (Lille 3) 13 octobre
Philosophie des sciences cognitives et Logique
"L'interprétation et la question de l'attribution des croyances"

Catherine Tauveron (Rennes) 20 octobre
Didactique de la littérature
"L'interprétation littéraire : des sources théoriques à une modélisation didactique"

Alex Bühler (Düsseldorf) 27 octobre
Herméneutique
"Investigating and confirming the hypotheses of interpretation"

Feriel Kaddour (ENS, Paris) 3 novembre
Musique et musicologie
"Le geste interprète : ce que l'art de jouer du piano nous apprend de la lecture des partitions"

Anne De Cremoux (Lille 3) 17 novembre
Philologie hellénistique
"Interprétation et cuisine de la traduction :
Le cas des 'noms parlants' dans le cas de la comédie ancienne"

Anne Fagot-Largeault (Collège de France, Paris) 1er décembre
Philosophie des sciences biologiques et médicales
"L'interprétation des signes et des symptômes dans le diagnostique médical"

Dates à préciser :

Jon Elster (Collège de France)
Sciences Sociales
"Interprétation et choix rationnel"

Geneviève Morel (Lille, Paris)
Psychanalyse
Titre à préciser

Otto Pfersmann (Paris 1)
Sciences juridiques
Titre à préciser

lundi 26 janvier 2009

Contacts

Pour toute question ou commentaire, moi-même, Marie-Hélène Gorisse (mhgorisse@gmail.com), ainsi que Laurent Keiff (laurent.keiff@gmail.com) nous tenons à disposition !

lundi 19 janvier 2009

Séance reportée

Attention : concomitance de 2 événements au sein de notre UMR faisant, l'intervention de Jean-Michel Salanskis, initialement prévue ce Mardi 20 Janvier, a été reportée la semaine suivante :
Mardi 27 Janvier.
Un grand merci au professeur Salanskis de sa flexibilité !
L'horaire et la salle (voir post ci-dessous) demeurent inchangés.
A très bientôt !!