mercredi 30 septembre 2009

Eléonore LeJallé et l'interprétation en philosophie moderne

L'année commence en beauté pour notre séminaire, puisque c'est Eléonore LeJallé (STL, Lille 3) qui mardi 06 octobre, de 12h à 14h en salle 020 de la Maison de la Recherche, ouvrira la discussion par l'intervention :

Interpréter, est-ce expliquer par des causes ?
Hume et Davidson sur les raisons de l'action


Le débat contemporain concernant "les causes et les raisons" (de l'action) est celui qui oppose Davidson aux Wittgensteiniens. Wittgenstein a montré dans le Cahier Bleu les différentes logiques séparant l'usage du mot "cause" et celui du mot "raison" lorsqu'il est question de l'action. Et son disciple Melden a explicitement pris Hume comme adversaire en montrant que la relation entre l'action et ses "raisons" consistait en une "relation logique" essentiellement différente de la relation extrinsèquement empirique unissant une cause à un effet. Par la suite, c'est en s'opposant à ce fameux "argument de la conexion logique" unissant l'action à ses "raisons" que Donald Davidson fit retour à Hume : aux raisons de l'action correspondent en effet, selon Davidson, autant d' "événements mentaux" permettant d'identifier ces dernières à des causes, c'est-à-dire, en un sens humien, à des événements précédant l'action et reliés à cette dernière par une loi de couverture. Ainsi, pour Davidson comme pour Hume, les raisons de l'action sont des causes. Et l'interprétation d'une action par des raisons n'est donc pas fondamentalement différente de son explication par des causes.


Sur ce débat, voir la présentation de P. Engel à Davidson, Actions et événements et le chapitre 1 du livre de Ruwen Ogien, Les causes et les raisons (Les causes et les raisons. Philosophie analytique et sciences humaines, éd. J.Chambon, 1998).