Mardi dernier, nous avons pu entendre
Laurent Keiff (Lille 3) nous exposer bien plus que des
Remarques sur la notion de stratégie interprétative
Une théorie de l'interprétation comme abduction. Ci-dessous, un résumé de son intervention :
En sémantique, le concept d'interprétation reçoit un sens pour ainsi dire minimal par rapport à ce à quoi il renvoie dans le contexte de l'herméneutique par exemple. Dans la tradition tarskienne, il s'agit d'un instrument formel permettant de déterminer les conditions de vérité d'un énoncé, considéré du point de vue de son sens littéral.
Les recherches récentes en sémantique du discours ont cependant fait apparaître la nécessité d'introduire une structure intermédiaire entre l'énoncé et les modèles qui rendent compte de sa vérité. cette structure intermédiaire rend compte du flux d'information au sein du discours, permettant en particulier de résoudre des problèmes liés à la détermination de la référence des anaphores ainsi qu'au calcul des présuppositions.
On a pu défendre d'autre part que la division stricte entre sens littéral et signification pragmatique des énoncés est problématique, sinon désespérément confuse. De ce point de vue, l'interaction linguistique entre locuteur et destinataire est une donnée inéliminable de la théorie de la signification.
Notre propos s'inscrit dans cette double perspective.
Avec le courant des sémantiques dites dynamiques, nous tenons qu'il faut prendre en considération l'évolution de la signification des énoncés dans le processus d'interprétation du discours. Nous tenons d'autre part que l'interprétation ne peut se faire en dehors du cadre, pragmatique si l'on veut, de l'interaction linguistique. Dans ce contexte, nous proposons de voir le processus de construction de la structure intermédiaire comme un jeu à deux joueurs, défendant respectivement les contraintes de pertinence et de parcimonie d'une part, et celle de cohérence d'autre part, qui doivent guider le processus par lequel on détermine la signification.