lundi 22 juin 2009

Jacques Dubucs et l'inteprétation en philosophie

Pour la dernière séance de cette année universitaire, nous avons le plaisir d'accueillir Jacques Dubucs, IHPST (CNRS, Paris 1, ENS) sur le thème : "Comprendre Autrui" ce mardi 23 juin, toujours de 12h à 14h en salle 020 de la Maison de la Recherche.
Ci-dessous un résumé détaillé de son intervention ainsi que les liens vers deux de ses articles en lien avec cette question.

Comprendre Autrui

Le problème de la compréhension d'autrui regroupe au moins quatre questions distinctes :
(a) Que se passe-t-il lorsqu'il arrive quelque chose à son corps ?
(b) Que ressent-il ?
(c) Pourquoi fait-il ce qu'il fait ?
(d) Pourquoi dit-il ce qu'il dit ?
La relation entre ces diverses questions a évolué, mais elle est loin d'être aujourd'hui stabilisée.

1.Le rapport entre les questions du premier type et les trois autres s'est resserré. Les fondements métaphysiques d'une distinction tranchée entre les deux se sont effrités. Une distinction non substantielle l'a remplacée : les dysfonctionnements ont des causes, le comportement normal a des raisons. Quelle est la solidité de cette dernière distinction ? Est-elle en mesure de supporter le clivage actuel (dans le paysage français) entre les sciences de la nature et les sciences de l'homme ?

2. La question (d) tend à être rapprochée de la question (c) et conçue comme l'une de ses variantes, à la fois parce que l'importance de l'"intention de significaiton" (ce que l'autre entend communiquer en s'exprimant) semble l'emporter sur celle de la signification linguistique, mais aussi parce que la compréhension littérale de ce qui est dit (la perceptions des sons parlés) repose elle-même sur un processus d'ajustement pragmatique mutuel. Quel est, dans ce contexte, le statut des formes contemporaines de la compréhension empathique (théorie des neurones-miroirsn, théorie "motrice" de la reconnaissance des sons parlés), naguère mise en avant pour répondre aux quesitons de type (b) ?

3. Dans une perspective non empathique, la compréhension des actions délibérées d'autrui repose sur un principe pragmatique : on doit supposer que l'autre ait au mieux, compte tenu de ses opinions et de ses préférences. Cette méthode est partiellement indéterminée, car l'action ainsi interprétée ne permet pas de démêler les motifs des deux sortes. De plus, la version exacte du principe pragmatique (la maximisation de l'utilité esprérée) se heurte à des objections de vraisemblance cognitive. dans ces conditions, faut-il conserver à ce principe le statut "transcendantal" qu'on lui attribue parfois ?

4. Les croyances les plus enchâssées, celles qui ont trait, non pas au monde, mais à la logique et aux mathématiques, se révèlent par les propos, non par les actes. Jusqu'où doit aller, en ce domaine, la charité de l'interprète ?

L'exposé sera principalement consacré aux deux dernières questions.


Bibliographie.
[1] Jacques Dubucs. Les états mentaux sur la place publique. Intellectica, 21 (2): 271-290, 1995.
Consultable ici.
[2] Jacques Dubucs. Calculer, percevoir et classer. Archives de Philosophie, 65: 335-355, 2002.
Consultable .

mardi 9 juin 2009

Christian Berner et l'interprétation herméneutique

Contrairement à ce qui avait été annoncé, l'intervention de Christian Berner (Lille 3) de ce jour était bel et bien sur la question des :

Objets et méthodes de l'interprétation
dans l'herméneutique

A partir d'une réflexion sur les 5 questions motivant ce séminaire :
1. Que peut-on saisir en interprétant ?
2. Quels sont les principes méthodologiques de l'interprétation ?
3. Quel est le statut épistémologique des résultats de l'interprétation ? En particulier quels sont les modes de validation d'une interprétation ?
4. Qu'est-ce qui ne relève pas (dans une discipline donnée) de l'interprétation ?
Il s'est agit de distinguer plusieurs acceptions du terme "herméneutique", à la fois :
- Méthode d'interprétation, c'est-à-dire ayant pour objectif la compréhension d'un discours étranger (telle qu'elle, présente dans différentes disciplines),
- Discipline ayant pour objet la réflexion sur les conditions de possibilité de la compréhension,
- Discipline ayant pour objet d'étude l'homme en tant qu'être défini par cet acte de compréhension.

Ces distinctions furent à leur tour un moteur dans l'articulation des grandes thèses et transitions entre différentes postures, telles que 'l'herméneutique biblique', 'l'herméneutique de la Raison', ou encore 'l'herméneutique générale'.

S'en est suivi une belle discussion, pour laquelle nous tenons à remercier Christian Berner ainsi que l'ensemble des participants à ce séminaire !!