L'interprétation fait à l'évidence partie des pratiques qui constituent le fonds d'expertise des équipes de recherche en sciences humaines et sociales. Objet d'une réflexion inévitable pour chacun, parfois même thème de recherche à part entière, l'interprétation ne fait cependant que rarement l'objet d'une confrontation interdisciplinaire spécifique, dont l'enjeu serait à la fois de rechercher les motifs récurrents d'un champ à l'autre tout en cherchant à assumer la diversité des pratiques dans leur détail.
Soulignons la fonction structurante d'un tel séminaire pour les SHS dans la région, permettant la rencontre et la collaboration scientifique au delà des horizons disciplinaires sur un objet problématique commun.
Deux séances préparatoires, en octobre et en novembre 2008, ont réuni des membres de laboratoires dont la diversité est une marque nette de l'intérêt d'une telle approche interdisciplinaire, à Lille 3 :
- CECILLE (civilisations, langues, littératures étrangères),
- GERIICO (information et communication),
- GREMARS (économie),
- IRHIS (histoire),
- STL (philosophie, linguistique, philologie, histoire des sciences),
Ainsi qu'à Lille 1 :
- CIREL (Sciences de l’éducation).
La participation de chercheurs venant d'autres disciplines (sociologues, psychologues et juristes en particulier) est activement recherchée !
L'enjeu de ce séminaire est d'abord de permettre la rencontre de ces différentes pratiques, éventuellement la mise en commun d'un ensemble de concepts et de normes. Cette mise en commun doit alors déboucher sur la publication d'un volume chez
College Publications (Londres), reprenant les travaux du séminaire, ainsi que les contributions des différents intervenants.
C'est de ce projet éditorial que découle le
modus operandi du séminaire : chaque intervenant se verra confronté à quatre questions initiales auxquelles il sera demandé de réagir à partir d'un ancrage dans les pratiques disciplinaires :
1. Que peut-on saisir en interprétant ?
2. Quelles sont les principes méthodologiques de l'interprétation ?
3. Quel est le statut épistémologique des résultats de l'interprétation ? En particulier quels sont les modes de validation d'une interprétation ?
4. Qu'est-ce qui ne relève pas (dans une discipline donnée) de l'interprétation ?
Une série de distinctions est en jeu dans le travail : quelle différence faire entre interpréter et expliquer, entre interpréter et former une hypothèse, entre l'interprétation d'un texte, celle de données verbales et celle de données non-linguistiques ?
Les réunions préparatoires du séminaire ont permis de dégager des axes problématiques qui feront l'objet d'une attention particulière :
1. Qu'est-ce qu'un conflit d'interprétation, et quelles méthodes de résolution spécifiques peuvent être appliquées à ces conflits ?
2. Quelle est l'influence du contexte social dans la production et l'usage de l'interprétation, en particulier lorsque celle-ci est envisagée comme une des déterminations du sens commun ?
3. Quelle est la place du sujet dans l'interprétation, quels rapports établir entre le sujet interprétant et le sujet ou l'objet interprété ?
4. Quelles sont les spécificités de l'interprétation dans le contexte didactique, à la fois comme aspect de l'activité de l'enseignant et comme objet de l'apprentissage ?
5. Y a-t-il une logique de l'interprétation, au sens où l'interprétation supposerait des modes inférentiels propres que l'on pourrait formellement caractériser ?
En espérant vous retrouver nombreux pour engager une collaboration fertile !